BAM !
Bibliothèque Associative de Malakoff
« Pas une maison où tu ne voyais pas une bibliothèque »
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Pépita Carpeña est une figure féministe de la révolution espagnole.
Dans cet épisode de l’émission « Mémoire du siècle » (France Culture) enregistré en 1996, elle retrace son enfance barcelonaise, ses engagements syndicaux et politiques, notamment au sein de l’organisation Mujeres Libres.
Près de 25 ans après, l’actualité de son récit semble non seulement entière, mais renouvelée. Par contraste, le commentaire du journaliste Philippe Esnault, paternalisme aimable et empathie enjouée, tient aujourd’hui davantage de la bizarrerie surannée.
Cet enregistrement, au delà le témoignage rare qu’il représente, rappelle que l’histoire de la révolution espagnole et de ses protagonistes* ont longtemps été déconsidérés par l’historiographie officielle (*a fortiori des femmes, déjà sous-représentées au moment des événements comme le rappelle Pépita Carpeña).

 

 

Pépita Carpeña grandit à Barcelone dans une société machiste et corsetée par les principes de l’Église. Sa famille est pauvre, et la seule diversion des jeunes de l’époque est le bal. C’est là, qu’à 14 ans, elle rencontre des jeunes travailleurs engagés et qu’elle intègre la CNT – Confédération Nationale du Travail, une organisation anarcho-syndicaliste.

De cette époque elle dira « Là, j’ai appris vraiment, je les remercie ces hommes ! ». La culture, l’éducation sont mis en avant par ses compagnons :

Ils n’avaient pas de quoi manger, mais tu ne pouvais pas aller dans une maison, si pauvre qu’elle soit, où tu ne voyais pas une bibliothèque.

Débute la guerre civile, et ses camarades masculins rejoignent les contingents volontaires. « Moi aussi je voulais aller au front » se rappelle-t-elle. Son compagnon meurt au combat en 1938. De son engagement dans la guerre au côté des révolutionnaires anarchistes, elle dit : « J’y ai cru fermement, j’étais jeune, pleine d’illusions ».

Pendant la guerre, elle constate que « les femmes se sont épanouies ». Les circonstances ont fait évoluer la société. Pépita Carpeña, consciente de la nécessité de faire entendre leurs voix adhère au groupe féministe « Femmes Libres ». Elle soutient les actions militantes de Federica Montseny contre la prostitution et pour l’avortement.

Puis c’est la débâcle pour les Républicains : « une grande cohue, 500 000 personnes se sont retrouvées sur la route de Catalogne ». Malade, Pépita quitte l’Espagne pour la France, où elle résidera jusqu’à sa mort en 2005.

Source : France Culture