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Bibliothèque Associative de Malakoff
14/01 – 15h – Le monde comme projet Manhattan
Categories: Autour d'un livre

Jean-Marc Royer présentera son livre

Le monde comme projet Manhattan : Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant

Début août 1945, le monde, fasciné, découvre la puissance du feu nucléaire. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, deux villes choisies dans le but de « causer le maximum de dégâts et de pertes en vies humaines », sont l’aboutissement inévitable du projet Manhattan. Initié et mené dans le plus grand secret, ce dernier a réuni quatre années durant la fine fleur de la science internationale, les industries de pointe étatsuniennes (de Monsanto à Westinghouse) et la puissance de l’État adossé à son armée. Retraçant en un récit glaçant et solidement documenté l’histoire secrète de ce projet, Jean-Marc Royer montre comment la recherche d’une « solution totale » y prit vite le pas dans les esprits sur toute considération humaine. En cela, le nucléaire constitue une transgression majeure des interdits sociaux fondamentaux sous l’égide d’un puissant imaginaire structuré par la « rationalité calculatrice ».

Or le projet Manhattan est le strict contemporain d’une autre entreprise de mort massive, celle qui culmine à Auschwitz-Birkenau. La thèse de ce livre est que ces deux moments (Auschwitz et Hiroshima) sont les « points de bascule » d’une histoire inaugurée un siècle plus tôt dans l’alliance entre mode de connaissance scientifique, capitalisme industriel et États-nations, qui a débouché sur les premières lois eugénistes et les massacres de la « Grande Guerre ». Ces « secrets de famille » de l’Occident sont l’origine refoulée de la guerre généralisée au vivant que mène aujourd’hui la civilisation capitaliste, avec le consentement de foules subjuguées par cette mort érotisée depuis 1945. L’auteur en appelle alors à l’élaboration d’une théorie critique radicale et à l’historicisation de ces points de bascule pour que, levant le voile du refoulement, nous puissions faire face à ce qui menace désormais toute vie sur Terre.

Préface de Annie Thébaud Mony, postface de Anselm Jappe

Le Passager clandestin, 2017